Bonjour amis pétanqueurs , laissez-moi vous souhaiter une bonne et heureuse année 2018.
A cette occasion j’avais envie de me retourner un peu sur le passé et me souvenir avec vous de ces joueurs d’exception qui ont marqué notre Comminges à jamais. Je sais qu’avec cette sélection rigoureuse je vais en froisser quelques-uns, mais comme à mon habitude j’assume seul la responsabilité de mon choix.
Il y a peu d’élus, mais il faut bien reconnaitre qu’il y a peu de joueurs d’exception qui ont porté notre Comminges au sommet de la hiérarchie nationale.
Vraiment natif du Comminges j’en retiens quatre : Pierrot Gales, Mario Fiocco, Christian Estrade (dit cancan) et le tout dernier Philippe Duchein. Ensuite deux autres qui sont venus nous faire l’honneur de venir partager leur passé mémorable : Henri Peraldo et Guy Zanon. Si pour vous jeunes joueurs ces noms n’évoquent qu’un lointain souvenir je ne peux que vous souhaiter de vous hisser un jour au niveau ou ont été ces légendes alors en toute modestie vous pourrez dire je suis fier de représenter notre Comminges.
En sillonnant le Comminges lors de quelques concours je vois que la pétanque a évolué il est rare aujourd’hui de voir un joueur qui ne tape pas de boules, en ce sens il est vrai que le niveau tir s’est élevé, mais existe-t-il de grands fusils ? pour moi le dernier s’appelle Philippe Duchein. Bien sûr j’ai remarqué quelques joueurs talentueux encore en herbe qui j’espère feront les champions de demain, mais hélas il n’y a que l’avenir qui sera le garant du suivi de leur carrière de bouliste.
Pour ce début d’année je vais commencer par celui qui me tient le plus à cœur, Pierrot Gales, il faut dire que quand j’ai commencé à jouer, il était déjà la terreur des jeux de boules, il régnait avec son équipe d’alors sans partage et faisait l’admiration de tous les pétanqueurs qui ne cessaient de s’identifier à lui.
Pierrot est un personnage bien à part dans le monde si compliqué de la pétanque, il est de ces hommes qui ne badinent pas avec l’honneur et s’il était né à l’époque romaine il aurait été gladiateur. Du tempérament il en a à revendre, avec de surcroit un fort caractère, (j’en profite pour citer le grand cuisinier Toulousain Lucien Vanel à qui l’on posait la question sur son fichu caractère et qui répondit « quand on dit de quelqu’un qu’il a du caractère celui-ci est forcément mauvais, autrement l’on n’en parlerait pas »). Ceux qui ont eu le privilège de jouer avec lui le savent, il ne vous passe jamais rien, il est très exigeant aussi bien avec lui qu’avec les autres.
Sur le jeu proprement dit il a des facultés qui sont de plus en plus rares aujourd’hui, c’est tout d’abord son application, il ne laisse rien au hasard, mais surtout il est capable de se surpasser, un rien le fait sortir de ses gonds, un petit déclic et l’homme est transformé en bête de concours, la mâchoire serrée, les yeux exorbités il vous fixe sans mot prononcé, le gladiateur est dans l’arène, il marche rapidement en balançant ses deux bras le long du corps comme un lutteur, là, messieurs méfiez-vous il va vous étonner. Je ne parlerais pas de son coup de bras légendaire, fluide le bras montant loin derrière, pour finir avec ce fameux coup de poignet meurtrier.
En outre ce qui en fait aussi sa spécificité c’est sa polyvalence il peut indifféremment mener le bouchon, tirer devant ou faire le milieu, chez lui tout n’est que motivation et avant tout la symbiose avec ses partenaires, il vous étudie en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire et gare son jugement est toujours judicieux et très souvent sévère .
Mais laissez-moi volontairement revenir dans les années 1960, j’avais alors 8 ans et lui 15 dans le Comminges l’on ne parlait déjà que de lui et cela ne faisait que commencer, jugez-en. 14 ans Champion de la Haute -Garonne junior 4 compères (Pierre Chemineau, Gérard Lomont, Guy Soulé Pierrot Gales) partent à l’assaut de Toulouse 6 parties 13/8 13/0 13/0 13/1 13/0 le titre de champion dans la poche ils regagneront le père Louis, ou Robert Chapelle assis sur son solex les attendait (anecdote lors de ce concours il fut remarqué et abordé par le grand et légendaire Joseph Canavese) la rencontre déterminante de sa vie de joueur et sa vie tout court se fera avec celui qu’il appelle toujours son père spirituel le grand Robert Chapelle venu travailler à l’usine Lafarge tout frais débarqué de Nîmes, Pierrot gardera pour Robert un attachement sans bornes et même à l’heure actuelle il lui est difficile de parler de lui sans que son cœur se serre. Et de notre côté, nous les sans grades à l’affut des résultats dominicaux, toujours le même refrain, pas un seul dimanche sans que l’on entende c’est encore Gales, Chapelle et Fournier qui ont gagné, ils écumeront ainsi notre Comminges et le département, avec pour leurs actifs 17 concours de file sans perdre une seule partie. Un autre homme contera aussi dans sa vie de bouliste il s’agit Marius Sentenac une sorte de gourou local qui le suivra un peu partout lors de ses déplacements en lui insufflant son éternel optimisme.
Après les résultats parlent d’eux-mêmes. De 20 à 25 ans 5 fois en finale du championnat tête à tête du département au temps où les adversaires s’appelaient Marys, Biancotto, Déjean, Coral, Pujol, Arreau, Villeneuve, Callac, Canava et j’en passe.
17 qualifications aux championnats de France, (dont 1 en junior 14 en senior triplette, 1 au provençal, 1 en vétéran). Champion de L’Ariège en triplette avec père et fils Monge la même année pétanque et Provençal, trois fois champion FSCGT avec Callac et Marys. Trois fois de file le concours des Salins en doublette avec Chapelle (rappelons quand même que ce concours fut longtemps l’une des plus grandes compétitions de France) il se rappelle de sa victoire sur Noel Modeste doublé du grand Ricou.
En 1969 le Graal en compagnie du Parisien Marceau et de l’ariégeois Déjean ils perdront en finale du plus grand concours au monde « la Marseillaise » contre deux des plus grands joueurs de l’époque Charly de Gémenos et la légende François Besse. Je me permets de citer Marceau lors d’une interview au journal la Marseillaise, je le cite « à Paris place de la nation, il y a des concours comme ça. C’est là que j’ai rencontré Déjean et Gales. Je me suis aperçu que Déjean, c’était un milieu champion du monde et que Gales n’avait pas grand-chose à lui envier. De leur côté ils se sont aperçus que je frappais des boules. Alors ensemble nous avons décidé de venir tenter notre chance au (Ricard la Marseillaise). Vous connaissez le résultat !
Un peu plus tard il y eut aussi la triplette légendaire avec Mario Fiocco et Gaston Fournier puis avec Jeannot Arcangély.
Pierrot est aussi l’instigateur dés 1987 des fameux nationaux de Roquefort et Mauran qui réuniront la première année près de deux cents doublettes.
A cette occasion Pierrot Gales sera le premier joueur Français à recevoir du président Calastrenc la médaille d’or de la FFPJP.
Voilà j’ai essayé de retracer avec le plus d’exactitude et d’impartialité la carrière de ce joueur d’exception en lui souhaitant de rester le plus longtemps possible sur les terrains de jeu à nous dispenser de ses conseils, conseils que seuls les grands joueurs savent vous donner.
Longue vie à toi Pierrot.
Guy Dupeyron