La parole à Jean Luc Robert ...
Agé de 55 ans, Jean-Luc Robert a eu toutes les casquettes dans le monde de la Pétanque, ou presque. Joueur de haut-niveau, président de club, organisateur de national, animateur et désormais consultant pour L’Equipe 21 lors des retransmissions TV. Avec une carrière de joueur ayant débuté dans les années 1980, Jean-Luc Robert a vu évoluer la Pétanque. Il a connu quelques champions d’antan, avant de fréquenter les champions actuels. Il a également participé aux premières compétitions télévisées, avant de les commenter aujourd’hui. Son regard est forcément complet sur la discipline et son franc parler reste légendaire. Entretien...
Retracez-nous tout d’abord votre parcours de joueur ? Quand et où tout cela a-t-il débuté ?
Dans la Drôme, à Montélimar pour être plus précis, et à l’âge de 17 ans en ce qui concerne la Pétanque, c’était donc en 1977. Cette année, j’ai obtenu mon premier titre de champion départemental en Juniors, et la Pétanque a commencé à prendre de l’importance dans ma vie. Avant, je pratiquais le football et le handball de concert, je n’avais donc pas beaucoup de temps à consacrer au concours de Pétanque. Et puis quand ces sports sont devenus trop techniques pour moi qui avais plutôt des qualités physiques, j’ai accordé une plus grande part à la Pétanque.
Ensuite devenu Senior, j’ai remporté des qualifications pour les Championnats de France et des Nationaux toujours sous les couleurs de la Drôme. En 1992, je suis parti jouer dans la Vienne, un choix heureux puisque j’ai remporté mon premier titre de champion de France Doublette cette année-là avec Laurent Morillon. En 1996, j’ai rejoint l’Eure et Loir et mon ami Philippe Quintais pour une aventure à Hanches Pétanque qui a duré jusqu’en 2005. Cette aventure a été couronnée en 1999 avec Philippe par un autre titre de champion de France Doublette, et en 2002 par une victoire de la Coupe de France des Clubs. J’ai après vécu de très belles années à Saint Priest Taurion en Haute-Vienne jusqu’en 2011. J’ai effectué un bref retour en Eure et Loir en 2012 avant de rejoindre Langon dans le Loir-et-Cher en 2013.
Et ce parcours a été animé par une médaille de bronze aux Championnats du Monde 2000 lors de mon bref, trop bref à mon goût (rires) passage en équipe de France.
Des débuts dans la compétition à la fin des années 1970, considériez-vous alors la Pétanque comme un sport ?
Honnêtement non. Jamais je n’aurais à mes débuts que je pourrais tout d’abord réaliser le parcours que je viens d’évoquer, mais également que la Pétanque pouvait être aussi exigeante. J’avais très vite compris qu’elle nécessitait une très grande adresse, mais moi qui venais du football et handball, je ne voyais pas cette Pétanque comme un sport. Toutefois, avec mes premiers résultats en Séniors, que ce soit dans les Championnats ou dans les Nationaux, je suis vite aperçu que la Pétanque impliquait un mélange d’adresse, de concentration, de précision, de tactique et de physique. Bref la définition d’un sport ! D’un vrai.
Vous avez retracé votre parcours et évoqué une petite partie de votre palmarès. Quel est le plus grand regret de votre carrière ?
Oh là je n’ai aucun mal à vous répondre. Je n’ai plus pleuré qu’une seule fois dans ma vie pour les boules, c’était lors des seuls Championnats du Monde que j’ai disputés en 2000 à Faro au Portugal. Notre équipe s’est inclinée en demi-finale, j’étais alors remplaçant pendant que Philippe Quintais, Philippe Suchaud et Marco Foyot luttaient contre les Tunisiens. La France n’a pas été championne du monde cette année-là, et cela reste évidemment la plus grosse déception de ma carrière sans aucun doute. Mais comme vous me parlez de regret, je dirais aussi que je regrette de n’être jamais allé aux Championnats du Monde avec Philippe Quintais et Laurent Morillon. Lorsque nous jouions ensemble en club, nous formions je pense une équipe qui aurait pu bien figurer dans un Championnat du Monde.
Et quel est le meilleur souvenir parmi toutes ces années passées sur les terrains ?
Là je suis désolé mais je ne peux pas isoler un seul souvenir. Il y a 4 grands évènements qui ont marqué ma carrière. Mon premier titre de champion de France Doublette en 1992 avec Laurent Morillon. Une première fois c’est toujours marquant, et puis un Championnat de France c’est tellement difficile ! Nous avions de plus vécu une finale à suspense. Il y a bien sûr mon second titre de champion de France en 1999 avec Philippe Quintais. Dans ce cas, c’est le lien d’amitié que j’ai noué avec Philippe au fil des années qui fait que ce titre est cher à mon cœur. C’est le joueur qui m’a le plus impressionné, celui que je considère comme le plus grands parmi les grands. En 1999, j’ai aussi gagné le Mondial de Millau en Tête-à-tête. Sincèrement pour moi c’était assez incroyable. C’est une performance personnelle, réalisée après un parcours qui ne fut pas de tout repos eu égard aux adversaires que j’ai rencontrés. C’est naturellement un formidable souvenir. Et enfin je parlerai de la victoire en Coupe de France des Clubs en 2002 avec Hanches Pétanque. A l’inverse cette victoire fut collective, l’œuvre d’un groupe, comme seule la Coupe de France peut le permettre. Et c’est cette dimension-là qui m’en laisse un magnifique souvenir. Désolé d’avoir été long (rires).
Ce parcours vous a amené à disputer les premières compétitions télévisées, puis à y participer pendant de longues années. Quel regard portez-vous sur l’évolution de la Pétanque à la télévision ?
J’ai effectivement participé au Trophée Canal+ en 1992. J’ai ensuite connu la Coupe de France à la télévision, le Trophée des Ville, les Masters de Pétanque et le Mondial La Marseillaise. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous étions au début tellement contents que la Pétanque soit télévisée. Rien n’était simple dans la mise en place de tout ceci mais c’était inespéré. Moi qui avait débuté le haut-niveau au début des années 1980, je n’aurais pas imaginé que on y arriverait. La Pétanque à la télévision a tout simplement permis d’ancrer l’idée qu’il s’agit d’un sport à part entière. Canal+ a toujours une chaine d’évènements sportifs. TF1 nous accordait un créneau sportif dans sa grille de programme le dimanche matin. Pathé Sport puis Sport+ étaient des chaines sportives câblées, et désormais L’Equipe 21 est la chaine sportive gratuite sportive de la TNT. Avec des diffusions sur L’Equipe 21, c’est selon moi la plus reconnaissance que pouvait avoir la Pétanque dans le monde du sport. Aujourd’hui la Pétanque est devenue un produit télévisuel de qualité. Un spectacle qui plait. D’ailleurs les diffuseurs ne s’y trompent pas et les audiences prouvent chaque fois l’intérêt des téléspectateurs pour la discipline. Plus de 30 heures pour la finale de la Coupe de France 2016, c’est franchement formidable, surtout pour cette compétition par club.
Que manque-t-il selon vous à ces retransmissions ?
Tout simplement des diffusions supplémentaires (rires). Il n’y a rien à redire à propos de la qualité des diffusions, tout est parfaitement maîtrisé aujourd’hui, mais on devient forcément plus gourmands avec le temps. J’espère voir un jour encore plus de Championnats de France à la télévision. Le Doublette ferait un spectacle superbe j’en suis convaincu. Et voir le Doublette Mixte et une épreuve féminine serait aussi très intéressant. Chacune de ces épreuves a de quoi séduire les téléspectateurs.
Si je devais relever un défaut puisque c’est votre question, je dirai qu’il faut que les joueurs fassent encore plus d’effort sur leur langage lorsqu’ils portent un micro, et je sais de quoi je parle (rires). La Pétanque et le sport en général procure des émotions, c’est d’ailleurs fait pour ça. Les compétiteurs vivent les parties intensément c’est normal, mais il est vrai qu’il serait préférable de ne pas entendre de noms d’oiseaux pendant les retransmissions.
Vous assurez désormais un rôle de consultant pour L’Equipe 21, comment décrivez-vous ce rôle ?
J’apporte surtout une aide technique au journaliste de L’Equipe 21, car tout le monde ne peut pas maîtriser le jargon de la Pétanque. J’essaye d’éclairer au maximum les téléspectateurs, parfois néophytes, sur la tactique de jeu. Les joueurs de haut-niveau font des choix réfléchis mais pas systématiquement compréhensibles pour des amateurs. Mon passé de joueur me permet aussi d’expliquer ce que ressente les joueurs, qu’il s’agisse de la pression comme c’est le cas parfois ou de l’état de grâce. J’essaye toujours d’être indulgent et d’amener les gens à l’être aussi avec les compétiteurs. Il faut souligner les performances et comprendre les ratés. D’autant plus qu’une partie télévisée est obligatoirement sujette à enjeu et à la pression. Je prends en tout cas beaucoup de plaisir à le faire.
Vous êtes également animateur sur certains évènements comme les étapes du Pétanque Tout organisé par la Fédération. Une casquette de plus qui vous permet de voir à quel point la Pétanque est populaire ?
Ah ça c’est sûr ! Avec ce Pétanque Tour, la Fédération a réuni toutes les conditions : des champions du monde à disposition, pas besoin de licences, pas besoin de boules elles sont prêtées et de la gratuité. Tous les ingrédients pour que la recette fonctionne. Et ça marche je peux vous le dire. Sur un Pétanque Tour, en tant qu’animateur, j’ai un rôle qui consiste à gérer les participants qui viennent affronter les champions du monde. C’est formidable puisque les gens viennent avec plaisir, avec le sourire prendre une « déculottée ». Mais c’est le but du jeu bien entendu. Ils repartent avec des cadeaux, des souvenirs plein la tête, et surtout une bonne image de la Pétanque. Mon rôle est de rendre ce moment le plus agréable possible pour eux, de vendre l’évènement, de mettre en valeur le travail de promotion de la Fédération et de souligner le talent aussi bien pour l’adresse que pour le physique des champions du monde. J’y prends également beaucoup de plaisir et franchement, la Fédération tient là un superbe outil. Ça vaut tous les sondages du monde quant à la popularité de la Pétanque.
Article ffpjp