Ce n'est (peut-être) qu'un pressentiment, mais il est chez nous de plus en plus prégnant au fil des heures : il nous semble impossible que le Mondial de Millau n'ait pas lieu l'an prochain. Et que plutôt, par conséquent, de voir trente-six chandelles, il soufflera ses trente-cinq bougies du 11 au 15 août 2016.
Il faut le souhaiter ardemment pour la plus belle épreuve sportive aveyronnaise, la seule du département à rayonner sur toute la planète. Et nous l'appelons de tout cœur avec la grande majorité des élus millavois et aveyronnais de tous bords, l'ensemble des commerçants et des entreprises du sud Aveyron et au-delà, des citoyens millavois et aveyronnais et des pétanqueurs du monde entier. Bref, de la très grande majorité des gens sensés.
Usés par les récriminations du maire de la ville, Christophe Saint-Pierre, sur la gestion du stationnement et l'accueil des gens du voyage (deux dossiers relevant des services de l'État et de la municipalité…), lassés de la défiance du sous-préfet et écœurés par les cinq cents PV (certains de 135 € !) dressés (en particulier pour mauvais stationnement) par de zélés policiers, Jean-Pierre Mas et les trois autres coprésidents de Millau Pétanque promotion (Claude Bonneviale, Claude Lacan et Bernard Rouquayrol) auraient voulu cristalliser l'attention, compter leurs troupes, rassembler leurs partisans en annonçant la semaine dernière l'arrêt du Mondial qu'ils n'auraient pas mieux manœuvré. Pour, au final et comme c'était prévisible, frapper (normal pour de bons pétanqueurs !) les esprits.
«Un arrêt qui plombe le dossier olympique»
Depuis, en tout cas, c'est branle-bas de combat et mobilisation générale «Pour sauver Millau» (sic) tant les soutiens ont afflué et déferlent de partout. Sur les réseaux sociaux, le buzz ne cesse de grossir, à la radio (avec, en première ligne sur «RMC», Jean-Jacques Bourdin, aperçu ces dernières années au parc de la Victoire), par courrier (les présidents de la fédération française et du comité de l'Aveyron), de tous les coins de l'Hexagone et du globe, joueurs et sympathisants se sont levés pour manifester leurs encouragements «au plus prestigieux concours du monde» (sic).
«C'est comme si on supprimait Roland-Garros au tennis», a réagi Alain Cantarutti, le président de la FFPJP, avant d'ajouter: «Cette disparition plombe le dossier olympique porté par la Confédération mondiale des sports de boules».Rien moins!
Certains ont parodié sur Facebook avec un émouvant «Je suis Millau…». D'autres ont produit un tee-shirt «Tous ensemble derrière le Millau 2016»! Plus édifiant, pas possible ou presque. Et que dire de ces candidatures spontanées (et aussitôt repoussées) de villes, grandes ou moyennes, prêtes à accueillir l'événement!
Près de 2,5 M d'euros de retombées économiques
Résultat, entre autres, de cette ébullition et sûrement, conscient que Millau et le sud Aveyron n'ont pas le luxe de se priver de près des 2,5 millions d'euros de retombées économiques du Mondial (source, office de tourisme), le maire de la Cité gantière semble revenu à de meilleures intentions. Il a proposé une réunion (d'apaisement ?) à Jean-Pierre Mas et aux trois autres coprésidents vraisemblablement convaincus, au moment de leur spectaculaire déclaration, que cet argument sonnant et trébuchant pèserait de tout son poids…
Aussi compétents que fiers (à juste titre) de leur exceptionnelle épreuve, aussi chaleureux qu'épidermiques à la moindre critique, ils savaient, eux qui manient si bien l'emphase, qu'ils allaient jouer sur les cordes sensibles. Carreau pile réussi !
Mais aujourd'hui, après l'heure de la dramaturgie paroxystique atteinte avec la publication, ce mardi, sur Facebook, d'une lettre touchante mais ferme de Jean-Pierre Mas confirmant que le Mondial de Millau avait rejoint Saint-Pierre (pas le maire de Millau mais feux les fameux Trois Jours de Saint-Pierre à Toulouse), le temps presse : si le Mondial de Millau veut continuer à être la seule compétition à remplir une page entière sur le calendrier des Nationaux, il doit s'activer. Dans quelques semaines, l'édition 2016 sera bouclée.