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La parole à Michel Loy...
Sociétaire de la Pétanque Canuts de Lyon depuis 3 ans, récent champion de France Doublette Mixte, sélectionné pour les prochains Championnats d’Europe Seniors et pour la Coupe des Confédérations, membre de la tournée du Pétanque Tour F.F.P.J.P., Michel Loy effectue à 49 ans un retour en force en cette année 2015. Entretien avec un joueur aussi exigeant avec lui qu’avec les autres...
2015 restera sans aucun doute une grande année de votre carrière, même si elle peut encore s’enrichir dans les mois qui viennent. Que ressentez-vous ?
Ça met vraiment du baume au cœur. Quand on est entier comme je le suis, et qu’on vit les choses pleinement, une année comme celle-ci me ravit. J’ai obtenu 5 qualifications aux Championnats de France, j’ai réussi à en gagner un pour l’instant, après 19 années d’attente. J’ai 2 sélections en équipe de France ce qui est un peu un renouveau pour moi. C’est donc un vrai bonheur. Ça n’est pas seulement pour moi d’ailleurs, quand on a une carrière de haut-niveau sur la longévité on sympathise avec des gens, des supporters qui nous suivent chaque année. Eux attendent autant, voire plus, que nous la victoire. Donc quand ça se passe mal voir les autres déçus pour nous ça fait quelque chose. Alors forcément quand ça va mieux c’est un bonheur qu’on partage avec famille et amis. C’est plaisant.
Beaucoup s’attendaient à une explosion de joie de votre part après votre victoire à Rennes. Vous avez été plutôt sobre finalement. Pourquoi ?
Il y a plusieurs raisons. La première c’est tout simplement le respect de l’adversaire. J’ai perdu 2 finales de mixte dans ma carrière et je connais la déception que ça engendre. Donc il peut être malvenu d’être trop démonstratif. Ensuite je pense qu’avec l’âge on relativise à la fois les défaites et les victoires, c’est l’avantage de l’expérience. Et puis je dirai que la gagne était assez facile, il y avait de la marge pour mettre le 13ème et deux boules à ma partenaire donc l’intensité était moindre. Un mot au passage pour vraiment féliciter Vanessa Denaud avec qui j’ai passé un superbe week-end et qui a toute sa part dans notre réussite. Enfin je parlerai aussi du contexte du mixte, c’est un Championnat particulier. La présence des féminines nous calme je pense.
Vous avez rivalisé avec Dylan Rocher au tir pendant cette finale, en étant plus régulier. Vous avez été très constant tout le week-end de ce Championnat de Doublette Mixte à Rennes. Comment l’avez-vous vécu ?
En fait j’ai eu un déclic le samedi midi au restaurant. J’ai été plutôt moyen dans les poules. Et dans la partie après ces poules, nous étions menés 5 à 10 à la pause. Nous sommes partis déjeuner et je n’avais pas trop le moral. Le bouchon était à l’adversaire à notre retour et nous devions absolument marquer. Et je me suis dit : « demain midi je mangerai ici et je serai qualifié pour les ½ finales ». Ça m’a reboosté. Nous sommes revenus et nous avons gagné la partie avec de la réussite. A partir de là je me suis dit que c’était peut-être notre week-end. Et puis il y a eu aussi la ½ finale. Nous aurions pu la perdre largement. Nos adversaires ont manqué des occasions et quand ça se passe comme ça, évidemment on peut penser que c’est le bon jour.
Qu’est-ce qu’il vous a manqué ces dernières années pour obtenir de bons résultats en Championnats de France ? Vous étiez alors le partenaire notamment de Damien Hureau qui lui aussi est un homme en forme.
Sur les 8 qualifications que j’ai disputées aux côtés de Damien Hureau et Julien Lamour dans le Maine et Loire, j’en ai obtenu 7. Donc nous avions un bon rendement dans le Département ou à la Ligue. En revanche, aux Championnats de France, nous n’avons jamais joué le dimanche. Nous étions 3 champions du monde, c’est forcément vexant à la longue. Le Comité attendait beaucoup de nous. Il y a eu plusieurs facteurs, j’ai d’abord essayé un rôle alors nouveau pour moi de pointeur, mais avec des phases d’hésitations. Jouer avec deux joueurs plus jeunes que moi était également une première pour moi. Je pense que je n’ai pas apporté la niaque suffisante pour conduire cette équipe à la victoire, même si dans les nationaux nous en avons conquis de belles.
Sans un nouveau challenge aux Canuts avec Henri Lacroix et Bruno Le Boursicaud, je pense que j’aurais levé le pied suite à cela. Un grand merci d’ailleurs à mon club et à son président Patrick Duvarry pour leur soutien.
Parlez-nous justement de votre remise en question d’un point de vue sportif. Qu’avez-vous changé ? Vous avez perdu du poids il nous semble, quelle est l’importance du physique dans votre retour en forme ?
En tant que chef d’entreprise, je n’ai pas le temps de m’entraîner. Par contre, en me regardant en photo ou lors de diffusions télévisées, je voyais bien que je m’étais un peu laissé aller au niveau du poids. J’ai donc refait du sport pour perdre les kilos que j’avais en trop. Je supportais mal d’être moins à l’aise dans mes tenues. Une fois cette étape passée, le reste se joue au niveau de l’orgueil. Quand vous débarquez dans une équipe avec deux champions du monde en titre, vous souhaitez soutenir la comparaison. C’est cette volonté qui m’a redonné la niaque dont je parlais. Avec la personnalité d’Henri Lacroix, si vous ne répondez pas présent, vous pouvez vite sombrer. Il est très stimulant pour quelqu’un comme moi. Son exigence me rappelle mes années avec Didier Choupay. Tous ces facteurs m’ont aidé à revenir je pense.
La Direction Technique Nationale vous associe à Henri Lacroix, Damien Hureau et Dylan Rocher pour les Championnats d’Europe. Elle a fait le choix de l’expérience à nouveau. Que manque-t-il à la nouvelle génération pour intégrer l’équipe de France lors d’une grande échéance internationale selon vous ?
Selon moi certains confondent faire 2 ou 3 bonnes saisons avec le fait de faire une carrière. Gagner des nationaux est une source de confiance et un critère de performance c’est certain. Mais les nationaux c’est tous les week-ends, si vous perdez, la semaine d’après vous recommencez. Alors que dans les Championnats de France ou dans les grandes échéances, il faut être au top le jour J. Et des titres de champions de France il en manque à cette nouvelle génération. Je suis bien placé pour savoir que c’est difficile de les obtenir, et ça doit conduire à être humble.
Aujourd’hui on sent que les jeunes commencent à changer. Plutôt que d’être dans la confrontation avec notre génération, comme ils l’ont été, ils essayent désormais de se rapprocher. C’est une bonne idée je pense. Des joueurs comme Philippe Quintais, qui lui aussi aurait toujours sa place en équipe de France s’il le voulait, doivent être des exemples à suivre pour les plus jeunes.
Votre carrière a débuté à la fin des années 1980. Vous avez donc connu près de 30 ans de haut-niveau. Dans toutes ces années, quel est le joueur qui a le plus marqué ?
Sans surprise je vous réponds Didier Choupay. C’est le meilleur tireur que j’ai vu en activité. J’ai été le témoin de son mariage, nous avons noué une belle amitié au fil des années. J’ai gagné mon premier titre de champion du monde à ses côtés, tout cela fait qu’il reste le joueur qui m’a le plus marqué incontestablement.
Mais je veux dire un mot aussi d’Henri Lacroix. Nous avons longtemps été adversaires pour ne pas dire rivaux. Aujourd’hui nous jouons ensemble et c’est vraiment un joueur exceptionnel. Je ne vais m’étendre plus car tout le monde sait ce dont il est capable, mais côtoyer ce genre de joueur dans une carrière est important.
Votre carrière a débuté à la fin des années 1980. Vous avez donc connu près de 30 ans de haut-niveau. Durant toutes ces années, quel est le joueur qui vous a le plus marqué ?
Sans surprise je vous réponds Didier Choupay. C’est le meilleur tireur que j’ai vu en activité. J’ai été le témoin de son mariage, nous avons noué une belle amitié au fil des années. J’ai gagné mon premier titre de champion du monde à ses côtés, tout cela fait qu’il reste le joueur qui m’a le plus marqué incontestablement.
Mais je veux dire un mot aussi d’Henri Lacroix. Nous avons longtemps été adversaires pour ne pas dire rivaux. Aujourd’hui nous jouons ensemble et c’est vraiment un joueur exceptionnel. Je ne vais m’étendre plus car tout le monde sait ce dont il est capable, mais côtoyer ce genre de joueur dans une carrière est important.
Michel Schatz dit « Passo » nous a quitté au mois de juillet dernier, pouvez-vous nous dire un mot sur lui ?
Pour moi ça restera un rendez-vous manqué. Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer avec lui et je le regrette. D’autant plus qu’on en avait parlé. Quand j’ai débuté la triplette Passo – Capo – Salvador gagnait presque tout. Il avait un style tellement fluide, et une si grande efficacité ! Que dire si ce n’est que c’est une immense perte pour la Pétanque. Son décès après une terrible maladie doit nous rappeler que tout peut aller très vite malheureusement, et qu’il faut savourer chaque instant.
Vous aurez 50 ans l’année prochaine. Dans 10 ans, Michel Loy sera où ?
Peut-être encore au travail si les affaires marchent bien. Mes parents ont bossé comme des fous jusqu’à un âge avancé, moi j’espère pouvoir profiter de la vie plus tôt qu’eux ne l’ont fait. D’ailleurs encore une fois, la disparition de Passo m’y fait penser.
Quant à la Pétanque, il est certain que je ne jouerais plus aussi souvent qu’aujourd’hui. J’ai une femme qui a fait beaucoup de concessions pour que je mène ma carrière, je pense qu’elle mérite aussi que je lui consacre plus de temps à l’avenir. Donc dans 10 ans je ne ferai peut-être que les Championnats, car arrêter complètement de jouer est difficile à mon avis. Le reste du temps, si je ne travaille plus, nous voyagerons le plus possible pour comme je le disais « profiter de la vie »