Une pensée pour notre ami Passo qui lutte contre la maladie
Michel SCHATZ, que son pére a surnommé "Passo" à sa naissance, un jour de mai 1957, conformément aux us et coutûmes des Gitans, fait indéniablement partie des meilleurs tireurs purs de la planète pétanque. Le geste est rapide, le temps de concentration très court, comme chez tous les tireurs d'instinct, qui sont de loin les plus redoutables et les plus performants, parce qu'ils sont nés tireurs : "Passo" est de cette race là !
La pétanque, et notamment le tir, il est tombé dedans lorsqu'il était tout petit. Bien sur, il n'est pas né avec des boules à la main, mais peu s'en faut. Chez les Gitans, "Passo" a grandi dans un milieu où on s'empare très tôt d'une guitare ou d'un jeu de boules de pétanque, parfois des deux, et la plupart du temps avec un certain bonheur...
Pour lui ce sera la pétanque, dès l'âge de 13 ans, parce que son père jouait, d'autres membres de sa famille également, et que la petite boule l'a immédiatement emballé, au point de devenir une véritable passion qu'il garde encore solidement chevillée au corps.
Il faut dire que "Passo", assurément doué pour les boules, a eu en plus la chance "d'entrer dans la carrière", si je puis dire ainsi, en bonne compagnie : à 17 ans, il jouait déjà avec Roger CAPEAU, Denis SALVADOR, puis Jo FARRE, dont on sait tous les talents respectifs, et c'est à partir de là qu'il va commencer à se faire remarquer par des prestations de grande qualité au cours de "grosses parties".
Outre celà, d'un naturel rieur, ouvert et sympathique, "Passo" adorait de temps en temps amuser la galerie en frappant une pièce posée sur une boule, à dix mètres, un exercice qui lui permettait de faire la démonstration de son adresse diabolique.
Mais son plus beau souvenir de pétanqueur, il l'avoue sans hésitation, c'est son premier titre de champion du monde, en 1991, à Andorre, avec Philippe QUINTAIS et Georges SIMOES. Une triplette de rêve - à l'époque on ne parlait pas encore de "dream team" pour faire plus moderne... - qui remettra le couvert 2 ans plus tard, si vous me permettez l'expression, en remportant un second titre mondial en Thaïlande.
Cependant, lorsqu''on évoque "Passo", ce n'est pas son association avec Philippe QUINTAIS et Georges SIMOES qui vient à l'esprit des gens, mais l'autre triplette de légende qu'il a formée pendant de nombreuses années avec Jean-Marc FOYOT, et Joseph FARRE, à l'instigation de Bernard GASSET, qui a misé ce jour là sur un vrai "tiercé gagnant".
Avec "Marco" et "Jo" le petit "Passo" - petit par la taille, seulement... - toujours de plus en plus "fracassant" va devenir la terreur de toutes les grandes compétitions ; et il va tout gagner, dont deux titres de champion de France en triplette, qui auront quand même tardé à venir, puisqu'il faudra attendre 1997 pour le premier sacre, et 2000 pour le second.
Tout ce temps passé avec ses deux complices, selon "Passo" lui-même, c'est les plus belles années de son parcours boulistique, c'est le printemps de sa carrière.
Des maillots tricolores, "Passo" a eu l'occasion d'en endosser trois autres, et trois années de suite, en 1996, 1997, et 1998, ce qui n'est pas un mince exploit, en doublette mixte, aux côtés de Martine SARDA. Peu après, en 2008, c'est les "Masters" qu'il ajoute à sa carte de visite.
Sans parler des innombrables nationaux et internationaux qu'il va s'adjuger, dont un des plus prestigieux, Millau, où il va s'imposer à 8 reprises, excusez du peu, 4 fois en doublette (en 85 avec SALVADOR, en 91 et 92 avec FARRE, et en 99 avec FOYOT), et 4 fois en triplette ( avec FARRE et SIMOES en 92, puis en 97, 98, et 2002, avec FOYOT et FARRE).
Egalement vainqueur de la coupe d'Europe, de l'ancien trophée "Canal plus", de la coupe de France, et du fameux "Bol d'or de Genève", "Passo" aime à se souvenir - et on le comprend bien - du record qu'il a établi dans ce célèbre tournoi, avec Didier CHOUPAY, Philippe QUINTAIS, et Georges SIMOES, en réalisant un carton plein, à savoir 23 parties jouées, 23 parties gagnées.
Pas avare de sourires, ni de réflexions en forme de galéjades, à 54 ans, "Passo" séduit toujours les foules parce que c'est un joueur remuant et expressif, qui prend énormément de plaisir à jouer, ce qui lui évite de le faire avec la mine compassée de bedauds ou de croque-morts de quelques autres ; "Passo", c'est un des derniers survivants de la vieille école, qui sent bon la pétanque d'antan, et qu'on a toujours un immense plaisir à regarder évoluer.
Tous les forts tireurs ne sont pas des Gitans, bien sur, mais si tous les Gitans étaient des "Passo", ce serait à chaque fois un réel bonheur de les rencontrer sur les jeux.