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L'entretien du mois : Christophe Sarrio, la plus haute marche
Après sept saisons flamboyantes qui l'ont amené au cœur de toutes les plus grandes finales, le tireur lyonnais est toujours à la poursuite de son premier maillot tricolore.
L'entretien du mois
Christophe Sarrio, la plus haute marche
Son pseudo boulistenaute (titeuf69)
Son [PORTRAIT]
Après sept saisons flamboyantes qui l'ont amené au cœur de toutes les plus grandes finales, le tireur lyonnais est toujours à la poursuite de son premier maillot tricolore. A l'issue d'un mois de janvier qui l'a vu encore échouer au sein de deux carrés majeurs, il s'est confié à Boulistenaute.com sur ses joies, ses déceptions et ses espoirs. En attendant, un jour peut-être, de vaincre le signe indien et de gravir enfin la plus haute marche du podium.
Commençons par ton actualité. Tu restes à Bron cette année ?
Oui, c'est un club où je me sens bien, dont j'aime bien le président, et je vais peut-être travailler à la Mairie bientôt. Je vais jouer avec Kevin Layral et David Suarez en triplettes, et Anthony Billet en doublettes.
On voit depuis quelques années les meilleurs joueurs se regrouper entre eux au sein des équipes qu'ils forment, et tu choisis au contraire de miser sur des joueurs qui ne font pas, et je pense que ce n'est pas leur faire injure que de dire ça, partie de l'élite nationale. Parle-moi d'eux et des raisons qui t'ont poussé à les choisir.
Je connais Kévin depuis longtemps, nous avions fait les sélections jeunes ensemble : c'est un très bon joueur. Anthony Billet est dans le groupe France espoirs, et David Suarez a aussi un très bon niveau, mais il travaille les week-ends et ne peut pas se déplacer souvent. Bon, moi je préfère avoir une bonne équipe de potes que me monter avec des gens que je ne connais pas trop. Et puis, on a bien vu au Trophée des Villes, où on a fait finale et demi-finale en deux ans, que l'équipe est bonne.
Des équipes ambitieuses donc, pour d'éventuels championnat de France. Mais il faudra d'abord parvenir à se qualifier, dans un département du Rhône qui devient de plus en plus relevé...
Oh là là, oui ! Lacroix et Le Boursicaud sont déjà qualifiés, mais Les Canuts se sont renforcés, avec Julien Maraux qui arrive du Jura, Alexandre Mallet qui est venu du Vaucluse... Mais bon, prendre ces parties dans le Rhône ou le samedi au championnat de France, c'est pareil. L'objectif, c'est les huitièmes du championnat de France, et pour y arriver, il faut forcément battre des bonnes parties.
Je te propose de revenir sur ta saison 2014. Tu as été finaliste des Masters, 4ème au nombre de points dans les nationaux, et plus récemment demi-finaliste du Trophée des villes et demi-finaliste de la grande finale PPF. C'était une bonne saison ?
Oui, c'était une belle saison. D'autant que j'ai senti que je retrouvais mon niveau de jeu, et que j'ai gagné pas mal de choses tranquillement, sans me prendre la tête.
Dis-moi comment ça a débuté. Quand as-tu commencé à jouer, qu'est-ce qui t'a amené à la pétanque ?
Mon père jouait, c'était un joueur de niveau départemental, et j'ai commencé très tôt. Je joue depuis l'âge de quatre ans, et c'est devenu peu à peu une passion. Je jouais aussi au football, mais mon père m'a dit : « Tu ne peux pas faire les deux, il faut que tu choisisses. » J'ai choisi la pétanque, et maintenant, tous les week-ends, je les passe à jouer.
Donc, tu appréhendes la pétanque complètement comme tu le ferais d'un autre sport ?
Ah oui, bien sûr. Je sais qu'il y a des gens qui disent que ce n'est pas un sport, mais quand je rentre le dimanche soir à la maison je sais que je suis fatigué. Non, pour moi, c'est complètement un sport.
On se rappelle de la finale du championnat de France 2008, et de ce jeune homme inconnu pour une grande partie du public. Avec Vinson et Bouhamar, vous y affrontiez la Dream Team, et vous l'avez inquiétée jusqu'au bout d'une très belle partie. Une semaine après, c'était une autre finale de France, en TAT, et un mois après, c'était la victoire à Millau. C'est là que tout a commencé ?
Oui, c'est là. Parce qu'avant, je ne sortais pas trop, je faisais les nationaux dans la région Rhône-Alpes et en effet, je n'étais pas trop connu. Mais après ces dix jours-là, beaucoup de choses ont changé. D'ailleurs, j'ai beaucoup plus de regrets d'avoir perdu la triplette que le tête-à-tête....
Attends, tu es en train de me dire que tu regrettes plus cette partie où tu affrontais ce qui a peut-être été la meilleure équipe de l’histoire de la pétanque, que la finale de Bourg-Saint-Andéol où tu étais opposé à un joueur dont c'était la première expérience à ce niveau (Sébastien Ranquine, NDLR) ?
Oui, parce qu'à Clermont-Ferrand, j'ai super-bien joué. Je pense qu'on méritait de gagner autant qu'eux, et que ça s'est joué à très peu de chose, une boule peut-être : quand Bouhamar tire à trois, quatre au carreau à 8-4, et qu'il manque. S'il frappe celle-là, je pense que le maillot n'était pas loin d'être à nous. En tête-à-tête c'était différent, j'ai très mal joué, et je ne méritais pas de gagner.
Ensuite, Millau, c'était encore une belle histoire. Je devais jouer avec Xisto qui a eu un empêchement, et j'étais tout seul pour le doublettes. Je suis allé voir Stéphane Robineau pour savoir s'il avait entendu parler d'un autre joueur pas équipé, et il m'a présenté David le Dantec à qui je n'avais jamais parlé. On a fait connaissance sur place, et ça a marché comme sur des roulettes.
On t'a vu très vite jouer dans des équipes uniquement formées de jeunes aux côtés de Fournié, Savin, Rocher, et remporter beaucoup de nationaux. C'est assez rare dans la pétanque, ça, où on voit plutôt plusieurs générations se côtoyer dans la même équipe. Selon toi, c'est une force, ça, ou une faiblesse ?
On va dire que c'est une force, on l'a bien vu lorsque je jouais avec Savin et Fournié. Après, on ne s'est pas très bien entendu sur deux ou trois petits problèmes, mais on a gagné beaucoup de choses ensemble.
Mais j'ai commencé avec Fazzino, qui m'a proposé de jouer avec lui en 2008, juste après les deux finales. On a fait Porto-Vecchio ensemble, et l'année d'après les Masters avec le père Rocher et Dylan.
Jouer avec quelqu'un qui a autant d'expérience que Fazzino, ça t'a appris des choses ?
C'est vrai qu'il m'a fait évoluer. Il cherche toujours un peu trop la perfection, ça m'a mis un peu la pression au début. C'est normal en même temps : je suis un petit jeune qui arrive, je joue avec quelqu'un qui a été champion du monde, treize fois champion de France, on peut comprendre qu'il y ait un peu de stress. Fazzino, pour moi, c'est un des trois meilleurs joueurs au monde.
J'ai eu aussi la chance de jouer avec Philippe Quintais dernièrement. C'est agréable de jouer avec des joueurs comme ça, qui ne disent rien même quand on manque. C'était un plaisir.
De toute façon, la pétanque, il faut que ce soit un plaisir. Il faut jouer avec l'esprit libre, la tête reposée, sinon, c'est pas la peine
Tu as été finaliste des France triplettes, doublettes et TAT, deux fois finaliste des Masters, finaliste du PPF, finaliste TAT à Millau, finaliste de l'Europétanque. Comment est-ce que tu considères ces résultats ? Comme de très beaux parcours, ce qui est le cas, ou bien comme une malédiction qui ferait de toi, comme on le lit ou comme on l'entend parfois, une éternel finaliste ?
C'est vrai. A part Millau en doublettes, je n'ai jamais passé le cap : il me manque toujours un titre majeur. Et comme on dit : une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne.
Moi, je vis ça de façon assez dure, très dure même. J'ai fait trois finales de championnats de France, j'en aurais gagné une sur trois, j'aurais été content. Maintenant j'en rêve : je préférerais être champion de France que champion du monde, je crois. Là, maintenant, la question, c'est... (il s’interrompt)...J'ai des frissons rien que d'y penser.
Parce que quand tu joues une finale, ensuite, tu y penses. C'est dans la tête. Et maintenant, on dit que je suis le Poulidor de la pétanque...
Les gens de ma génération se rappellent d'un autre très grand tireur, qui a longtemps échoué dans les phases finales des championnats de France...
C'est Passo, non ?
Exactement. Il a gagné son premier maillot bleu-blanc-rouge à 39 ans, et quatre autres par la suite. A présent, c'est une des légendes vivantes de la pétanque. Tu penses que tu peux connaître le même sort ?
J'espère... J'espère déjà gagner une fois, après on sait bien qu'on en demande toujours un peu plus. Mais une fois, déjà... Je serais vraiment content, je crois.
Entretien réalisé par Pierre Fieux "BOULEGAN"