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Il n'y a pas que la pétanque dans la vie et pas que des jours heureux.

Aussi j'adresse toute ma sympathie aux amis pétanqueurs, à leur famille et amis qui sont victimes de ces terribles inondations.

Saint-Béat engloutie par le fleuve

Publié le 19/06/2013 à 07:30, Mis à jour le 19/06/2013 à 09:38 | 3 par la Dépêche


Le pont qui relie la ville au village de Boutx et à la station n'est plus franchissable tant par la crue que par les débris charriés./Jal

Le pont qui relie la ville au village de Boutx et à la station n'est plus franchissable tant par la crue que par les débris charriés./Jal  

VIDEO -- Saint-Béat a pris de plein fouet la crue de la Garonne hier matin. L’eau s’est engouffrée dans les rues de la cité en emportant tout sur son passage. 950 personnes ont été évacuées.

«À dix heures du matin, j’ai réussi à passer le pont pour me rendre chez le dentiste à Cierp-Gaud. Quand j’ai voulu revenir, il n’y avait plus d’accès possible». Ce retraité de Saint-Béat contemple le paysage de désolation qu’est devenu le chef-lieu de canton en quelques minutes. Car ce qui a surpris tout le monde dans la commune est la vitesse record avec laquelle la Garonne a grossi, est sortie de son lit et a tout englouti sur son passage. Chacun devant ce triste spectacle, qui, par une vraie chance, n’a fait aucun blessé, y va de son explication : la chaleur de dimanche qui a fait fondre trop vite la neige restée en masse sur les sommets, la pluviométrie évidemment, la plus importante sur le piémont pyrénéen depuis 1937, mais aussi des hypothèses plus hasardeuses comme ces fameux lâchers d’eau côté espagnol, information qui restait hier soir invérifiable.

Quelles que soient les causes, le résultat est là. Saint-Béat n’était accessible hier soir que par le col de Menté, connu des familiers du Tour de France, pour permettre d’arriver aux abords du collège et du camping. Camping dont on ne reconnaît l’usage que grâce à un enchevêtrement de caravanes tordues en tous sens, projetées les unes contre les autres, et espace dans lequel on ne saurait définir où est le lit de la rivière et où il n’est pas, tant l’ensemble a pris l’aspect d’un lac boueux, marrons, épais et fort d’un courant charriant tout sur son passage.

Quant aux aires de jeu pour les enfants ou aux petits bâtiments disséminés dans le camping, on n’en perçoit plus que les toits émergeant à la surface.

Au fond la rue principale de Saint-Béat, avec ses vieilles maisons de pierres grises, ses statues de marbre, son pont ancien apparaît comme fantomatique, surgi des eaux et de la boue.

Au total, ce sont 950 personnes qui ont été évacuées par voie aérienne vers Marignac dans les deux secteurs de Luchon et Saint-Béat. Ce dernier village étant entièrement vidé dans son centre en fin de journée, dans une ronde incessante d’hélicoptères et les communications téléphoniques sont toujours impossibles avec la cité du marbre.

Immédiatement une chaîne de solidarité s’est mise en place dans les vallées pour l’accueil des personnes évacuées. Les vacanciers du camping ou des gîtes ont trouvé un hébergement d’urgence au parc des expositions de Saint-Gaudens transformé en espace d’accueil. Et les quelques témoins de Saint-Béat engloutie hier soir voulaient déjà penser à l’avenir en s’interrogeant pour savoir combien de temps serait nécessaire pour nettoyer «tout ça». Certainement longtemps. 

 

«Le pont tremblait sous nos pieds»

Impuissants, les riverains ont assisté à la montée des eaux toute la journée. Tous étaient rassemblés sur les ponts, au bout des rues inondés… Les anciens étaient les premiers surpris : «Ça fait 40 ans que j’habite ici, je n’ai jamais vu ça», raconte un retraité du village d’Estenos. Dans la commune, l’eau est montée en quelques minutes, laissant juste le temps aux habitants de barricader les entrées. À Loure Barousse, même son de cloche : «La dernière fois qu’on a vu ça, c’était en 1977», se souvient un ancien du village. Du coup, les courageux, ou les curieux, qui ont osé sortir de chez eux arboraient tous la même tenue : botte en caoutchouc, coupe- vent, parapluie. Tous armés de leur appareil photo, les riverains s’agglutinaient sur les bords de la Garonne, n’arrivant pas vraiment à réaliser ce qu’il se passait. À quelques kilomètres d’Estenos, sur le pont d’Ore, les passants étaient plutôt inquiets : «Je pense qu’il ne faut pas rester là, explique une habitante. À chaque fois qu’un tronc d’arbre passe, le pont tremble. Et l’eau n’a pas encore fini de monter.» En plus des troncs d’arbres, la Garonne a vu défiler son lot de bonbonnes de gaz, bidons vides, pneus et surtout de frigos. «Peut-être qu’il y a encore à boire dedans», plaisante l’un des spectateurs, perché sur le pont.

Un peu plus bas, au camping de Loure Barousse, les vacanciers étaient les premiers touchés et n’étaient pas vraiment d’humeur à plaisanter : «On m’a prévenu ce matin, je suis venu de Toulouse constater les dégâts sur ma caravane. J’ai juste eu le temps de l’attacher à un arbre pour qu’elle ne soit pas emportée par le courant.» Son voisin, lui, s’inquiète déjà de l’après inondation : «Je ne sais pas si l’assurance va pouvoir faire quelque chose, ça risque de me coûter cher», soupire-t-il. Mais pour les habitants de la commune, d’autres problèmes sont plus urgents : «Où je vais dormir ce soir ?», se demande une jeune femme voyant l’eau rentrer dans sa maison. Mais parmi les riverains, certains, les moins touchés, préfèrent garder le sourire : «Moi qui devais être en vacances mercredi soir, avec ces routes barrées, je le suis dès aujourd’hui, c’est déjà ça de gagner…»

Jean-Christophe Thomas et Julien Auguy

Tag(s) : #Canton de Saint Béat

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