Ceux qui connaissent la Tahitienne ne manifesteront pas la moindre surprise à la lecture de ces lignes. Il en fallait bien plus qu'une glissade, si décevante soit-elle sur l'avant-dernière marche, pour faire perdre son beau sourire à celle qui a largement rempli son contrat, le week-end dernier. Certes, en guise d'heureux présage, un prénom tel que «Toréa» s'accordait fort bien avec «Jamais deux sans trois» mais le simple fait de représenter le CD 31 via sa tête de pont cazérienne n'est pas synonyme de triple couronne non plus. Avant de ceindre celle décernée à Saverdun, Émilie Vignères et Audrey Bandiera n'avaient-elles pas fait l'apprentissage de la défaite au goût amer, un an plus tôt?
Entre la protégée de Delphine Mondragon et Valérie Labrousse, la différence s'est confondue avec l'expérience.
Quand la reine mère de Dordogne place la barre très haut
Mine de rien, la mère du jeune prodige dordognot Lucas Desport avait déjà, toutes configurations de jeu réunies, deux finales (2014, 2018) et une demi-finale (2015) à son actif avant le jeu du but de cette demi-finale. De quoi prendre les devants (2-0, 5-3) et laisser par la même occasion le doute s'emparer de sa rivale : 7-3, 11-4... Dans un carré d'honneur dédoublé pour les besoins de la cause comme c'était le cas de celui de Saint-Apollinaire, le moindre murmure venu de tribunes archi-combles a toujours quelque chose de réprobateur dès lors qu'une boule n'a pas été assez bien ajustée. Il faut le savoir !
Même Dylan Rocher, déconcentré par la clameur émanant des bénévoles dijonnais au moment de la photo souvenir, n'y a pas échappé. Et puis, les plus lucides pourront toujours consoler les plus déçus en leur rappelant que la déferlante du Pacifique aurait pu se retirer plus tôt du rivage. Face à Malhaury Perrin en seizième de finale et plus encore face à la très surprenante Marie-France Istria au tour suivant, Toréa avait senti le vent du boulet : 13-11, 13-12. Sa formidable victoire aux dépens de Sandrine Poinsot (13-9) restera comme le point d'orgue d'un parcours à citer en exemple, la qualification directe en poule ayant correspondu à une simple formalité. Alors, pour une grande première dans ce que l'on espère bien être sa nouvelle terre d'élection cazérienne, Toréa Tairio a bien mérité qu'on lui dise «bravo !».