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Boules

Alain Cantarutti est à la tête de la Fédération française de pétanque depuis six ans./ Photo DDM, S. Lapeyrère

Président de la Fédération française de pétanque depuis 2009, le Gersois Alain Cantarutti apporte une touche de modernité, tout en gardant un œil sur son département, à la pointe du cochonnet.

En terre d'ovalie, on parle de meneur d'hommes. Depuis son accession à la tête de la Fédération française de pétanque, l'Auscitain Alain Cantarutti, ancien président du comité départemental du Gers, a su imposer sa touche. Avec son équipe, il a su apporter de la modernité à cette discipline qui s'invite au quotidien de chaque Français. Un sport intergénérationnel qui compte, en 2015, 300 000 licenciés répartis dans 5 993 clubs de l'hexagone. Administrativement et financièrement, la fédération a été renouvelée permettant une évolution rapide de l'instance nationale. «Il était primordial d'apporter de nouvelles choses administrativement parlant. On a mis en place la carte à puce pour les licences. Cela représente un investissement de 3 millions d'euros qui sera autofinancé dès cette année, explique le président. Redorer l'esprit club a été aussi une des «priorités présidentielles». «Avec deux autres élus, j'avais insisté il y a quinze ans pour la création de la Coupe de France. Il est primordial de renforcer ces compétitions par équipes. C'est l'essence même de notre discipline», insiste-t-il.

Les beaux spectacles offerts lors des compétitions par équipes ne peuvent qu'abonder dans le sens de la réflexion présidentielle. Outre la médiatisation, le développement de la pétanque passe aussi par l'organisation de compétitions de grande envergure. Un peu à l'image du Championnat du Monde organisé à Marseille en 2012. «Cela a connu un succès considérable avec d'énormes retombées», souligne Alain Cantarutti. Ces rendez-vous ne peuvent qu'être utiles au développement de la pétanque.

Incontournable en compétition ou en loisirs, la pétanque doit beaucoup, aussi, à la base des clubs. «Ils sont près de 6 000 en France et ce sont eux qui font la pétanque. Chacun mène un travail considérable», souligne-t-il. Président fédéral, le Gersois n'en oublie pas ses origines. Il jette régulièrement un œil sur l'évolution de la discipline au sein du comité 32 qu'il a également dirigé de nombreuses saisons. «Je dois beaucoup au département du Gers et à ceux qui m'ont appris. Je ne fais rien sans penser à tout cela», lâche-t-il, en soulignant «l'excellent travail» mené par la présidente Annie Pesquidoux et son équipe. Les mots sont lâchés : «Le Gers est un département à la pointe de notre discipline notamment pour les écoles de pétanque affiliées à la FFPJP».

Le président se félicite aussi du travail mené en milieu scolaire pour pérenniser le sport dans ce secteur-là. «Le Gers a su saisir le cochonnet au rebond pour s'inscrire dans ces dispositifs», lâche-t-il. Le travail est tout aussi remarquable au niveau de l'aménagement. «Et je tiens à leur tirer mon coup de chapeau. Ils trouvent les moyens de faire, un peu à l'image de celui de Réans. Ils ont même récupéré les sièges du cinéma d'Eauze pour apporter plus de confort à leur structure. «Au niveau fédéral, on essaie de faire en sorte qu'il n'y ait pas de zones blanches en France. On peut se satisfaire d'être bien desservi». A la campagne, et aussi dans les grosses agglomérations. Monaco a inauguré en octobre son boulodrome. «Ça m'a valu une partie de pétanque avec le Prince Albert», sourit Alain Cantarutti.

Pour accueillir une compétition nationale, il faut des structures de 24 à 32 terrains simultanés. Le Gers peut y prétendre même «si ces capacités hôtelières sont restreintes».

«Pour le Gers, je pense au terrain de la route de Roquelaure. Il y a presque tout ce qu'il faut. La ville d'Auch est proche. Il faut savoir qu'une grande compétition nationale mobilise les pétanqueurs et leurs familles. Pour 600 compétiteurs, vous comptez une jauge de 2 500 à 3 000 personnes potentiellement sur site. La pétanque représente une véritable économie même dans le Gers», insiste-t-il.

Modèle du genre en matière de développement et d'infrastructures, le Gers pèche par un manque de compétiteurs de haut niveau. «Il y en a trois ou quatre qui décrochent de bons résultats mais il manque parfois une certaine pratique à un haut niveau pour aller encore plus loin», conclut-il. Côté club, le président souligne le travail réalisé par celui de Lalanne-Arqué qui a déjà atteint le quart de finale de la Coupe de France.

Comme quoi, même en milieu rural le département peut être un modèle du genre. Et, jusqu'à la fin de son mandat, le président compte bien mettre à profit les forces exceptionnelles de ces territoires - du Gers ou d'ailleurs - pour que la pétanque continue de briller comme un soleil.


«La pétanque, olympique en 2024, si Paris a les JO...»

Marseille reste-t-elle la capitale de la pétanque ?

Marseille reste intellectuellement et traditionnellement la capitale. Mais la pétanque a gagné toute la France. Midi-Pyrénées est la deuxième région pétanquière de France. L'Ile-de-France et la Lorraine sont aussi des régions fortes en termes de licenciés et d'infrastructures.

Comment jugez-vous la médiatisation de votre discipline ?

Certains pensent qu'elle n'est pas importante. Je pense, bien entendu, le contraire. La pétanque bénéficie d'un soutien télévisuel et je continuerais à défendre cette perspective. Cela apporte une notoriété de plus. Il faut poursuivre dans cette direction. Cela ne se dément pas au niveau des audiences également.

La pétanque peut-elle prétendre, un jour, à devenir sport olympique ?

Un jour, peut-être en 2024 si Paris obtient les JO. Je crois beaucoup au lobbying qu'effectue la Confédération mondiale des sports de boules (CMSB). Cependant, dans l'Olympisme, il y a un wagon bien plein. Pour que certains y montent, d'autres doivent en descendre. On a déjà un pied dans le concert international en étant aux Jeux Méditerranéens et aux Jeux Mondiaux. Nous sommes présents sur les cinq continents et 105 fédérations nationales sont affiliées à la fédération internationale. Cela aussi peut peser dans la décision finale. Actuellement, des efforts considérables sont réalisés au niveau mondial afin de poursuivre le développement. Par exemple, la Birmanie est en plein développement. Pour info, l'Asie et l'Océanie sont des grandes terres de pétanque.

Cela passe aussi par une féminisation plus importante ?

Il y a un plan de féminisation. Aujourd'hui, les filles sont placées au même niveau que les garçons. Dans les compétitions les clubs ont obligation de marquer au minimum une féminine sur le terrain. Dans les instances aussi, les filles s'imposent. Le poste de secrétaire générale de la fédération internationale est tenu par une femme. En France, elles occupent des places de choix à la tête de clubs ou de comités départementaux.


Un homme de passion

L'homme n'a pas changé. Habitué de «La Dépêche du Midi» à Auch avant son accessit fédéral, Alain Cantarutti garde ses habitudes quand il monte à la rédaction. Flanqué de son costume présidentiel, il a toujours un petit mot. Une photo de Lalanne-Arqué sur un ordinateur et le voilà racontant quelques anecdotes dont il a le secret. A 62 ans, l'Auscitain mène actuellement son deuxième mandat à la tête de la Fédération française de pétanque et de jeu provençal (élu en 2009 et en 2012). Le siège de la FFPJP est basé à Marseille où une dizaine de personnes s'activent pour faire tourner cette entreprise forte de 300 000 licenciés. «Je m'y rends une fois par mois», explique-t-il. Alain Cantarutti travaille de «chez lui au quotidien».

«Je dispose de tous les moyens nécessaires pour être en relation au quotidien avec l'équipe et les autres membres du comité directeur», précise-t-il. Évidemment cette haute fonction fédérale lui astreint un agenda de ministre. Il sillonne, à longueur d'année, l'hexagone à la rencontre des licenciés, des clubs et des comités départementaux : «En voiture, en train ou en avion, j'ai mes habitudes et je me mets à profit chacun de mes déplacements pour poursuivre mon travail».

Après la pétanque, il reprendra ses pinceaux.

Un seul regret, peut-être, celui de ne pouvoir «jeter les boules aussi souvent.»

«Je fais quelques parties lors d'inaugurations de boulodromes mais très peu», constate ce fidèle qui est toujours licencié à la Boule preignanaise. «J'avais créé ce club en 1974», se souvient-il, «ça ne me rajeunit pas tout cela». Pour l'heure, le président se consacre pleinement à sa fonction. Il ne sait pas encore «quand la page se tournera». Pour l'heure, le Gersois «n'a pris aucune décision sur une candidature pour un troisième mandat» à la tête de la fédération en 2016.

«Je verrais en début d'année», lâche-t-il, arguant que la seule motivation qui comptera dans cette décision sera «l'envie et surtout la santé. Cela prend une énergie considérable».

L'après, il est déjà dessiné entre la pétanque, ses pinceaux et l'art. Alain Cantarutti est bel et bien un homme de passion…

Ch. C

Tag(s) : #gers, #Championnats de Ligue et France

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